Les cartes mentales : une stimulation haute en couleur pour le cerveau
Flèches, schémas, lignes, dessins… très éclatés, les carnets de notes de grands génies créatifs, tels que de Vinci, Newton ou Picasso, avaient pour particularité d’intégrer bon nombre de stimuli visuels. Et si l’usuel format du texte linéaire, noir sur fond blanc, se révélait contraignant pour le plein développement de la pensée et la production de nouvelles idées?
Cette hypothèse, c’est celle du psychologue anglais Tony Buzan, à qui l’on doit le Mind Mapping ou des « cartes mentales ». Dans les années 1970, au terme de recherches sur l'apprentissage et le cerveau humain, il en vient à peaufiner ce type d’organisateur graphique, qui s’avère efficace dans le processus de gestion des idées.
Les cartes « mentales », « cognitives » ou « heuristiques », c’est selon, fascinent depuis longtemps la professeure Chantale Beaucher, du Département de pédagogie de la Faculté d’éducation. Elle est d’ailleurs la seule chercheuse universitaire au Québec à mener des recherches sur le sujet.
Agissant comme une véritable révélation pour elle, les liens que fait Buzan entre le fonctionnement du cerveau et l’organisation des idées par carte heuristique l’amènent à comprendre comment circulent ses propres pensées et réflexions dans sa tête. Elle vient alors tout juste d’être embauchée à l’UdeS, en 2003, et se désole de ne pas avoir pu prendre la pleine mesure des travaux à l’époque où elle terminait ses études doctorales. De son propre aveu, elle reconnaît que ces notions lui auraient assurément permis d’avancer beaucoup plus rapidement.
Haro sur le texte noir sur fond blanc
Les cartes heuristiques, souvent colorées, contiennent plusieurs stimuli visuels.
Les cartes heuristiques, souvent colorées, contiennent plusieurs stimuli visuels.
Photo : Fournie
« Quand on prend des notes, plus on écrit, plus on relit, et plus on relit, plus on récrit… et plus on recommence! L’investissement n’est pas à la hauteur des résultats », illustre la professeure Beaucher.
Bien que le texte sous forme linéaire présente ses avantages pour transmettre et diffuser de l’information, il n’en demeure pas moins que pour le cerveau, cela s’avère peu stimulant, voire… endormant! Et c’est exactement ce qu’a démontré Buzan, dans le cadre de ses travaux.
Il en est venu à nommer le caractère contraignant et contre-productif du texte continu lorsque vient le temps de mémoriser ou de faire émerger de nouvelles idées.
Ses recherches l’ont conduit à découvrir que de fonctionner par associations, de faire des liens entre les idées, d’ajouter des stimuli – de la couleur, du mouvement, des formes –, c’était susceptible d’aider à stimuler le cerveau et à organiser les idées.
Professeure Chantale Beaucher
L’ajout de couleurs participe également de l’efficacité des cartes mentales dans l’éveil, la stimulation et la connexion des neurones. Les zones du cerveau associées à la perception de la couleur et des images diffèrent de celles sollicitées par la lecture, et le traitement de l’information n’est pas le même. À cet effet, la professeure explique :
La couleur, c’est une des clés. Plus on éveille les neurones, plus les possibilités de connexion et les circuits s’étendent, et on est susceptible de créer quelque chose de neuf.